La route des cimes
L’Italie, premier pays étranger de mon voyage. Et comme première mission première mission, je dois trouver de l’eau, il fait chaud je suis à sec et il faut que je remplisse mes réserves pour le bivouac de ce soir. Objectif du jour dormir en altitude dans les alpes.
Dans le premier village traversé je ne trouve pas de source, mais j’en voie une sur ma carte à Sospel, mon séjour en Italie aura été bref, je retourne en France pour chercher ce don j’ai besoin.
Après le plein de flotte, je reprends ma route, en repassant dans le village Italien je découvre une source juste après le carrefour ou j’ai fait demi-tour pour Sospel. Quand on aime faire des bornes on ne compte pas !
Je charge l’itinéraire de la TET alpes Italienne dans la tablette et c’est parti pour l’aventure. Très rapidement la trace se sépare en deux pour se rejoindre un peu plus loin. L’un des deux segments est indiqué non recommandé pour les grosses motos. J’ai pas hésité longtemps pour prendre le passage le plus difficile. Je n’ai pas une moto d’enduro pour faire des raccourcis par la route.
Sur le chemin je croise @alotruck qui faisait un tour avec sa nouvelle CRF250 Rally. Nous discutons et échangeons sur nos motos, l’état de la piste, bref une discussion de motards 😉 et nous reprenons nos routes. Il est encore tôt et à cette saison le soleil se couche tard alors j’avance au maximum. Je trouve finalement un spot pour camper proche de la caserna Sanson à 1600m d’altitude entouré de petites fleures violettes, une belle nuit s’annonce.
Après cette première nuit dans les alpes Italienne, je reprends la route en direction de la piste de l’amitié, renommée la route du sel, qui serpente le long des crêtes entre 1800 et 2100m d’altitude. Cette piste est payante environ 15€ mais elle est magnifique et les frais de péage permet l’entretien de cette piste historique. Pas de chance aujourd’hui les nuages sont bas, passé les 1700m j’évolue dans une purée de petits poids, faible visibilité et surtout impossible de voir le panorama qui s’offre à moi.
Tiens voilà des phares, un aventurier à moto comme moi mais en sens inverse. Et à l’épingle d’après une moto couchée au sol. J’aide le malheureux à relever sa 1150GS toute équipée et je fais la connaissance des deux motards suisses en balades dans le coin. Comme moi ils ont bien choisi leur jour pour découvrir la région. Arrivé au vieux Fort du col de Tende entre les deux frontières j’y vois pas plus !
Je discute avec un Allemand qui se demande ce qu’il fait là, vu la visibilité proche de zéro. Et je redescends dans la vallée à la recherche de soleil et de chaleur. Après une bonne petite pause déjeuné au Spritz et Bruschetta au San Sebastiano à Vernante.
Je reprends les chemins dans les montagnes. Un rapide passage au Santuario della Madonna del Colletto et par les cols de Margherina et Cologna, il est temps de trouver un campement pour la nuit. La journée a été longue, je descends dans la vallée ça va être difficile de trouver un spot de bivouac alors je m’arrête au camping Lou Dahu. Le coin est agréable et calme, la nuit est de 16€ mais le boss oublie de me dire que la douche est payante, 1,5€ les 4 mins ! la note grimpe à 19€ pour une nuit sous la tente ça fait chère ! Comme il ne faut pas se laisser aller, je me paye une bière et profite du coucher de soleil entre les montagnes.
Troisième jour en Italie, je continue ma route vers le nord toujours par la TET, dans la matinée je passe par le col de Sampeyre et j’en profite pour faire une pause au village. J’ai besoin de nourriture et d’essence. A peine garé qu’un groupe motards installé à la table d’un restaurant me fait des grands signes d’invitation. Je m’installe avec eux, ils m’expliquent qu’ils sont du moto club Mincio et m’invitent à partager le déjeuner avec eux. Sympa ça. Eux viennent du col du sommelier et de l’Assietta, col que j’ai prévu de faire demain et vont en directions de la strada dei cannoni. Ce n’est pas ma route mais comme le courant est bien passé je les accompagne et puis ce n’est qu’un détour de 60km. Dans le groupe l’un d’entre eux m’éclate ! il roule en R1150RT une moto de route sur laquelle il a mis des pneus à tétines.
Quand je lui ai demandé pourquoi cette moto, il m’a répondu qu’il à une enduro mais comme leur trip passe par des routes alors il a pris la routière ! Il m’a tué !!!
Après s’être séparé, Je traverse des vieux villages certains paraissent abandonnées d’autres rénovés et colorés par les fleurs du printemps.
Vers le refuge Infernoto la piste est bien défoncée je me prends deux raquettes en montée dans des grosses ornières. Heureusement je ne tombe pas mais j’étais à deux doigts de finir au fond d’un ravin ! Je décide de planter la tente à la station de ski de Rucas, la vue est superbe et une fois de plus le coucher de soleil est magnifique. Je me transforme en buffet vivant pour les moustiques du coin, heureusement j’ai avec moi de quoi les faire fuir.
Le cumul de fatigue commence à se faire sentir. Je roule 6h à 8h par jour. Mais il faut rien lâcher aujourd’hui est l’une des plus belles journées en Italie avec la montée du du col de l’Assietta et sa piste serpentant le long des montagnes puis la montée vers le mont Jaffereau. Avant de monter au col de l’Assietta il faut bien vérifier les journées autorisées aux véhicules motorisés. Le principe est bien pensé, plutôt que d’interdire les véhicules à moteur comme c’est souvent le cas en France. Ici certains jours de la semaine sont interdits aux véhicules motorisés pour que chacun puisse profiter de son loisir et des panoramas de malades qu’offre cette partie des Alpes.
Il faut faire gaffe car même si la vitesse est limitée à 30km/h certains se prennent pour des pilotes de rallye… D’ailleurs l’hélicoptère des secours a été cherché un motard qui à loupé son virage…
Quelle vue en haut du col à 2400m
Petite pause pique-nique au lac noir et c’est reparti pour descendre dans la vallée de l’Oulx et monter côté du fort foens. J’adore cette montée du fort foens, pas trop technique de belles épingles à négocier et personne en vue, je peux accélérer le rythme. Arrivé au carrefour pour rejoindre le Fort, je rencontre Raphaël qui me propose de me filmer avec son drone jusqu’au fort Foens et m’annonce que la monté du fort Jaffereau sera facile avec ma moto par le côté des pistes de skis. En selle c’est reparti.
Finalement , la montée du fort Jaffereau est plus difficile que je pensais, ou bien c’est parce que j’ai déjà près de 8h de moto dans les bras. Première grosse grimpette bien caillouteuse le regard n’est pas bon, je suis crispé et pas le bon rapport je cale et me vautre ! Heureusement un gars en 4×4 me suivait et m’a aidé à relever la moto. C’est reparti pour un démarrage en côte comme on les aime… La suite se déroule plutôt bien, j’ai pas vraiment le temps d’apprécier le paysage tellement je suis concentré, à 2600m d’altitude je suis stoppé par la neige qui bloque la piste. J’en profite pour faire une pause.
Que faire ? il ne reste que 200m de dénivelé pour arriver au fort. Tenter de continuer en contournant la neige ou redescendre par là ou je suis arrivé ?
Je ne suis pas monté jusqu’ici pour abandonner maintenant ! Pour alléger la moto je décroche mes bagages, il y a une bonne grimpette en hors-piste avec un virage à 90° ça sera plus facile avec la moto plus légère. Je m’élance, avec trop peu de vitesse, arrivée dans le virage je m’éclate comme une merde au sol ! On n’est pas bien là tintin ? La moto en dévers ! Pour la remettre sur ses roues je dois la faire pivoter dans le sens de la pente, ce qui achèvera les fixations de la sacoche de gauche et le rétroviseur est explosé ! Après quelques efforts supplémentaires je remets la moto sur ses roues et rejoint les affaires laissé en contre bas. Le temps de faire le bilan de ce qui est abîmé (enfaîte quasiment rien) et de remettre les bagages en place, je décide de retourner au Fort Foens pour camper.
Au Fort je rencontre un couple de suisse en Defender 110 équipé baroudeur la classe ! On discute un peu, je monte la tente puis ils m’invitent à boire un coup ensemble. Nice 😊
C’est là que le temps se gâte, on voit des éclairs à 360° autour de nous, un bel orage d’été dans les montagnes à 2200m d’altitude, c’est magnifique ! Il commence à pleuvoir des cordes, je mange abrité sous la toile du 4×4, mais la fille n’est pas rassurée et vient de s’apercevoir que leur tente de toit est restée ouverte… Il y en a deux qui vont passer une bonne nuit… Le ciel s’assombri de ouf et le soleil commence à se coucher on se dit bonne nuit et je file dans ma tente. Impossible de m’endormir avec le bruit des gouttes de pluie sur la toile de tente, les éclairs et le tonnerre ! Puis j’entends un bruit de moteur ce sont les suisses qui foutent le camp. Je me retrouve seul au fort la pluie c’est arrêté mais le claquement d’une porte m’empêche de dormir et merde c’est flippant ça ! Finalement je trouve le sommeil tant bien que mal avec l’aide les bouchons d’oreilles.
Ce matin le soleil est comme moi, il met du temps à émerger, mais petite satisfaction du jour je n’ai pas pris l’eau ! Je prends mon petit dèj pendant que les faibles rayons du soleil tentent de sécher la tente !
Ça caille ce matin alors je m’active et plie les gaules tempi si la tente n’est pas complètement sèche. Direction le col du sommelier, c’est un col en cul de sac qui culmine à 3000m d’altitude, ça doit envoyer du lourd encore. La piste jusqu’au refuge Scarfiotti est très roulante ensuite ça se gâte, enfin c’est pas pire que la montée du Jaffereau. Impossible d’aller au-delà des 2800m, la neige fait son apparition il est impossible de passer en tout cas seul. Car quelques groupes de motards tentent le coup.
Petite cession photo avec ceux qui sont là, un couple d’italien, des allemands, tous arrivés à moto.
Au moment de repartir je retrouve Raphaël, on papote un peu et je reprends la route pour rejoindre la France, après-demain demain je dois être en suisse. Initialement j’avais prévu de continuer vers l’est de l’Italie et les Balkans, mais comme j’ai déjà été dans cette région et que je vais y retourner pour mon tour du monde j’ai décidé de rejoindre le nord de l’Europe que je ne connais pas.
Pendant la descente je croise les suisses en 4×4, ils m’expliquent qu’ils ont préféré dormir au sec à l’hôtel que sous la pluie et l’orage. C’est mon dernier jour en Italie alors je voudrais me faire une bonne pizza.
Et j’ai le bonheur de m’arrêter au seul resto pizzeria que ne fait pas de pizza le midi !!! Tant pis ça sera tomate mozza et salade composé.
Après le déj direction le mont Cenis, il y a quelques pistes par là-bas et je compte m’y installer pour camper. Sur le chemin je m’arrête pour nettoyer mes sacoches avant. Dans la droite qui contient la nourriture, la bouteille d’huile a explosé. Tout est gras là-dedans, avec beaucoup de savon et un petit ruisseau je lave chaque emballage qui n’a pas explosé à l’intérieur de la sacoche, un vrai carnage !!!! Quant à la sacoche gauche c’est pire, c’est les pièces de rechanges et il semble que le bidon d’huile d’embrayage a éclaté dedans, ça va être du bonheur à tout laver !!!!!! Je le ferai plus tard il va falloir quelque chose de plus puissant que le savon de Marseille.
Le lac du mont Cenis est toujours aussi beau, mais il y a beaucoup de monde et de vent, c’est pas l’endroit idéal pour camper alors je continue ma route, un peu au pif, pour m’éloigner des gens. Je fini par trouver au bout d’un chemin un super spot pour le bivouac.
Lorsque je plante la tente une randonneuse m’aborde par la curiosité de voir un motard ici et une discussion en entraînant une autre me dit que ce soir vers 1h du matin ça sera une magnifique nuit étoilée. Nickel moi qui voulais essayer la photo de nuit.
Le vent sur la tente me réveille, il est 1h30, j’ouvre le vestibule et découvre un fantastique ciel, les montagnes illuminées par la lune et les étoiles scintillantes au-dessus de ma tête. Je prépare l’appareil photo et prend quelques clichés.
Réveillé à 8h par les premiers randonneurs, il est temps de plier la tente. Ce matin ça caille il doit faire 8°C, j’étais bien au chaud dans ma tente emmitouflé dans mon matelas 0°C. Le petit déjeuné se fera plus tard. Lors du retour je passe à côté d’une ferme auberge. Je m’arrête à tout hasard et oui ils proposent un petit déj: café, fromage de l’alpage, confiture maison et gros pain de campagne un parfait petit déjeuné pour se réchauffer le tout pour 8€ !! A côté de moi un couple avec qui j’échange quelques mots et leur montre les images capturées pendant la nuit. Eux aussi ont dormi à la belle étoile enfin dans leur voiture, apparemment pas très loin de là ou j’étais.
Fini le off-road, c’est maintenant deux jours de moto sur les routes des alpes, val d’Isère, bourg saint Maurice, col du petit saint Bernard et un bref passage en Italie pour passer la nuit dans un camping à La Thuile et nettoyer la sacoche de gauche avec du nettoyant frein. Puis vallée d’Aoste et le col du grand saint Bernard pour arriver en suisse et déjeuner avec ma nièce au bord du lac Léman à Lausane.